Par Nathalie Chapleau, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal
« Chaque soir, c’est la même histoire. Je me demande si j’aide vraiment mon enfant à apprendre à lire. Je ne sais pas si je dois lire les mots étiquettes, le cahier de syllabes ou lui lire une histoire. »
Lire peut paraitre simple pour un lecteur accompli, mais pour le lecteur débutant, cet acte est complexe. En effet, les mots de la langue française comportent diverses unités qui peuvent nécessiter une combinaison de stratégies pour les lire. Un enseignement explicite de ces stratégies associé à des pratiques répétées permettent à l’enfant de progresser à son rythme et de s’approprier les différentes stratégies d’identification des mots à l’écrit. Alors, voici quelques réponses pour les parents.
1. Doit-on lire les mots étiquettes?
Oui! Dans les textes, il y a des mots catégorisés de « fréquents ». Ces mots doivent être reconnus instantanément par le lecteur (ex. : et, il, papa, est, école…). La lecture des mots étiquettes incite l’élève à construire son bagage lexical. Relire chaque soir les mots étiquettes peut devenir redondant pour l’enfant. Il est possible de fabriquer un jeu de mémoire en utilisant les étiquettes et en découpant des étiquettes de la même dimension sur lesquelles l’enfant ou le parent inscrit les mêmes mots ou illustre le mot. Il suffit de placer ces étiquettes face contre la table et d’associer les mots identiques ou le mot avec l’image correspondante.
2. Doit-on lire le cahier de syllabes?
Oui! D’autres mots dans la langue française sont moins fréquents (ex. : matin, fièvre, oubli). Pour lire ces mots, il est utile de les découper en syllabes (ma/tin) ou en graphèmes (m/a/t/in) et de les fusionner (mettre les phonèmes « les sons » ensemble). L’utilisation du cahier de syllabes peut être laborieuse pour certains enfants. Alors, une variation intéressante est la lecture avec les lettres magnétiques. Le parent repère les lettres ou les graphèmes à l’étude et il propose à l’enfant de lire les syllabes composées avec ces lettres. Cette activité peut permettre de changer une lettre et de démontrer les similitudes à l’enfant (ex. : pa, ma, ta/ chou, tou, bou…).
3. Doit-on montrer d’autres stratégies?
Oui! Certains mots présentent des particularités comme des règles orthographiques (ex. : maison) ou des graphèmes irréguliers c’est-à-dire qu’ils ne se prononcent pas comme il serait attendu (ex. : « oi » dans oignon). Pour apprendre ces mots, il est utile d’utiliser le contexte comme une phrase. Aussi, utiliser la lecture des mots et compter le nombre de lettres contenues qu’il contient plutôt qu’un dé pour avancer sur les cases d’un jeu de « Serpents et échelles » permet de réviser les mots. L’enfant doit également découvrir que les mots sont constitués de morphèmes, soit les plus petites unités de sens de la langue (ex. : ours/on, fleur/ir). Pour découvrir la structure des mots, il est pertinent de chercher le mot de base (ex. : fleur) dans un mot construit (ex. : fleurir) ou des mots de la même famille morphologique (ex. : chat, chaton, chatière…). Puis pour développer le sens des préfixes (placés avant le mot de base) et des suffixes (placés après le mot de base) proposer à l’enfant des devinettes est amusant (ex. : L’action de faire des fleurs à nouveau, c’est… re/fleur/ir).
4. Doit-on lire à son enfant?
Oui! Le parent est un excellent modèle de lecteur. Lire à son enfant permet d’une part de prendre un moment paisible avec lui et d’autre part, de lui faire découvrir les stratégies associées au contexte en lui posant des questions : « Regarde cette illustration, que penses-tu qu’il va arriver? ».
Donc, comment aider son enfant à apprendre à lire? En effectuant différentes activités sollicitant les stratégies d’identification des mots écrits, en lisant avec lui et en lui donnant le goût de lire.
Bonne lecture!